Les morts prématurées et les maladies provoquées par la mauvaise qualité de l’air plombent les systèmes de santé des pays européens à qui la pollution coute des milliards d’euros. Une étude de l’Organisation mondiale de la santé le rappelle sans équivoque.
Aujourd'hui 05:00 par Élodée Bécu. Source http://www.lalsace.fr/actualite/2015/05/10/la-pollution-ca-coute-vraiment-cher
La pollution provoque environ 600 000 morts prématurées par an en Europe, selon l’Organisation mondiale de la santé. Photo archives AFP
La pollution est non seulement nocive pour la santé, elle l’est aussi pour le portefeuille. Une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de le rappeler cruellement.
En 2012, les niveaux trop élevés de particules fines dans l’air ambiant ont provoqué en Europe 482 000 morts prématurées dues à des maladies cardiaques et respiratoires, des maladies coronariennes et des accidents vasculaires cérébraux, ainsi qu’à des cancers du poumon. Et la mauvaise qualité de l’air intérieur a aussi causé 117 200 décès prématurés.
L’impact sur la Sécu
Au-delà du drame humain, ces décès représentent une addition salée pour les finances publiques. L’OMS a chiffré le coût de ces morts avant l’heure à 1400 milliards d’euros par an. « La mauvaise qualité de l’air coute plus cher en vies humaines que les accidents de la route, ce qui en fait la première cause de décès prématurés liés à l’environnement dans l’UE » , estimait en 2013 la Commission européenne qui chiffrait, elle, le coût annuel de la pollution (morts prématurées, journées non travaillées, suivi des maladies…) à 23 milliards d’euros par an.
En France, selon la dernière étude de l’organisation internationale, le coût des morts prématurées s’élèverait à 47,6 milliards d’euros, soit 2,3 % du PIB en 2010. Selon l’Inserm, institut de recherche public français, les pathologies respiratoires dont on peut établir avec certitude un lien avec la mauvaise qualité de l’air extérieur coutent chaque année entre un et deux milliards d’euros. Les chiffres publiés le mois dernier donnent le tournis : si on évitait cette épidémie de maladies provoquées par la pollution – des bronchites chroniques au cancer –, il serait possible de réduire d’autant le trou de la Sécurité sociale, dont le déficit est de 6,5 milliards d’euros.
Voilà pour les particules fines, mais l’atmosphère de nos maisons et appartements n’est pas en reste. L’Observatoire de l’air intérieur a conduit une évaluation l’an dernier sur les conséquences de six polluants intérieurs (benzène, trichloréthylène, radon, monoxyde de carbone, les particules et la fumée du tabac). L’étude, menée par le Centre scientifique et technique du bâtiment et l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), chiffre le coût social à 19 milliards d’euros par an.
Investigations au Sénat
Il est difficile d’additionner les chiffres pour arriver à une évaluation fine et réelle du prix de la pollution pour nos sociétés. Une mission d’information du Sénat s’y emploie, et rendra ses conclusions en juillet. Elle souhaite élargir ses investigations au-delà de l’aspect sanitaire. Créée par une élue écologiste, elle a un objectif politique : faire réagir les décideurs à partir d’indicateurs mesurant leur intérêt financier. Les récents épisodes d’alerte aux particules rappellent l’urgence d’agir pour réduire le coût pour notre santé et notre économie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire